Sommeil & Vigilance – supplément mai 2023

• Interview du Pr Pierre A Geoffroy : Soigner le sommeil en soignant la psyché
• Un cocktail explosif : le cas clinique du Dr Lombard
• Découverte : un centre du sommeil spécialisé pour recevoir les patients psychiatriques

Soigner le sommeil  en soignant la psyché

Une interview du Pr Pierre A Geoffroy

Avec la pneumologie et la neurologie, la psychiatrie représente la troisième grande spécialité impliquée en médecine du sommeil. Pierre A. Geoffroy, psychiatre à l’hôpital Bichat (APHP) et au centre Chronos (GHU Paris psychiatrie neurosciences), décrit la particularité du psychiatre dans la prise en charge de l’insomnie et des autres troubles du sommeil.

Pourquoi la psychiatrie intervient-elle dans le traitement de l’insomnie ?

 Pierre A. Geoffroy : La première raison, c’est qu’il y a des comorbidités de types psychiatriques (dépression, trouble anxieux, addictions…) qui sont associées aux insomnies. Il faut savoir que plus de la moitié des patients insomniaques présentent des troubles psychiatriques sévères. La deuxième raison, c’est que les stratégies de première ligne pour l’insomnie selon les recommandations internationales sont des psychothérapies. Le traitement de référence est un traitement de psychiatrie, puisqu’il s’agit de la thérapie cognitivo-comportementale. C’est une psychothérapie qui permet de travailler sur les comportements liés au sommeil, mais aussi sur les pensées associées qui entretiennent le trouble. Ce traitement a des effets qui sont comparables aux hypnotiques, comme les benzodiazépines. Cependant, ces médicaments présentent des phénomènes de pharmaco-tolérance : à partir de quatre semaines, l’effet initial recherché qui est par exemple la diminution de la latence d’endormissement, une facilitation de l’endormissement ou une amélioration de la durée de sommeil, commence à disparaître. Dans la thérapie cognitivo-comportementale, les effets se maintiennent dans le temps et ont même tendance à augmenter.